2 mots pour vous : tapis taxis volants. Yup. Dans un avenir pas si lointain, vous ouvrirez votre application de conduite à la demande et, en plus des options terrestres telles que voiture, 4×4, scooter ou vélo, vous aurez une option vol aérien.
Du moins selon les optimistes de South by Southwest, la convention annuelle tech-musique-film qui a lieu à Austin, au Texas.
Quand le taxi volant arrivera, la plupart d’entre nous seront de simples passagers. Nous pourrons l’appeler depuis nos smartphones et nous diriger vers un toit spécialement adapté, disposant d’un mini héliport. Ce taxi pourrait ressembler à une fourgonnette à ailes ou à une sorte de drone gigantesque.
De toute façon, il ne volera pas de lui-même de si tôt, selon les experts. Une place sera donc réservée à un pilote au départ.
« Mais si les taxis aériens deviennent ce que tout le monde veut qu’ils soient, il risque d’y en avoir des milliers dans une ville. C’est un exemple qui montre que nous ne serons pas en mesure de trouver suffisamment de pilotes classiques »
Carey Cannon, ingénieur en chef de la technologie et de l’innovation chez Bell.
C’est pourquoi l’Intelligence Artificielle devrait prendre une place non négligeable dans le projet. Bell dispose actuellement d’un poste de pilotage virtuel. Composé d’une chaise type gamer pro, d’un casque de réalité virtuelle, etc la station permet à diverses personnes non-pilotes de s’essayer à la conduite d’un tel taxi. L’IA collecte alors des milliers de données qu’elle analyse et qui lui permettront ensuite de piloter le taxi automatiquement.
Le rêve des voitures volantes est au moins quasi aussi vieux que l’automobile elle-même. Et la société Bell n’est pas inconnue dans le domaine puisqu’elle a déjà conçu des hélicoptères d’attaque pour la marine américaine. Et leur partenaire sur le projet n’est autre que … Uber.
Uber est devenu le visage de la mobilité aérienne car il a jusqu’ici mené la campagne la plus publique vantant son travail. Elon Musk dit qu’il va nous amener sur Mars. Uber dit qu’il transportera une personne de San Francisco à San José en 15 minutes (au lieu des deux heures dans la circulation matinale). Et son calendrier pour ce taxi volant qui n’existe pas encore est … 2023. Quasiment demain donc. Et bien qu’il n’existe pas encore de taxi volant, Uber s’est essayé à estimer le coût « à court terme » de ce voyage de San Francisco à San Jose: 43 $ (38 euros).
La société a exposé les défis et les opportunités du taxi volant dans un rapport de 2016 intitulé «Avance rapide vers un avenir de transport aérien urbain à la demande» (disponible en anglais uniquement). Dans ce livre blanc, qui a fait un peu de bruit, Uber a déclaré:
Tout comme les gratte-ciel ont permis aux villes d’utiliser plus efficacement les terrains limités, le transport aérien urbain utilisera un espace aérien tridimensionnel pour réduire les embouteillages au sol.
Pour Jaiwon Shin, administrateur associé de la recherche aéronautique à la NASA, Uber est un peu agressif sur le délai de livraison. Mais il pense malgré tout que ce sera concret pour milieu de la décennie prochaine. Après demain donc.
« La convergence de nombreuses technologies différentes atteint le niveau grâce auquel l’aviation peut désormais tirer parti pour mettre ces choses en place« , a-t-il déclaré.
Le prototype, le Nexus de Bell, a été dévoilé plus tôt cette année. Et si cela ne suffit pas à vous montrer la “réalité” de ce type de véhicule sachez que Boeing et Airbus ont également des prototypes de voitures volantes en construction. Et ils ne sont pas les seuls puisque côté voiture volante il existe des projets en cours soutenus ou financés par des géants comme Google, Rolls Royce, Aston Martin, Workhorse Group, …
Les batteries qui alimentent les voitures électriques peuvent évoluer pour alimenter les vols. Les entreprises peuvent stocker et mettre en commun des données et mettre en place une intelligence artificielle leur permettant de prendre en charge le contrôle du trafic aérien, en gérant des milliers de drones et de taxis dans les airs.
Et Uber a les connexions. Tout en luttant contre l’industrie du taxi traditionnelle, Uber a noué de nombreux contacts avec le gouvernement et les lobbyistes, ce qui veut dire que leur rolodex peut aider à graisser les roues ou les ailes là ou il faut. Parce qu’à un moment donné il faut être pragmatique.
Toujours selon Shin “Pour avancer rapidement, les technologues et les décideurs devront se coordonner. Si un segment est à la traîne, cela ne se produira pas« , a-t-il déclaré.
Ce sera en effet sans doute l’aspect le plus compliqué à mettre en place. Les lois devront s’adapter assez vite car la technologie elle est quasi prête. Et à ce petit jeu la Chine pourrait très bien s’en tirer, sa capacité à prendre des risques et appliquer étant plus grande (comme nous l’avons vu récemment avec leurs cliniques pilotées par Intelligence Artificielle). Cela pourrait donner à la Chine un « avantage concurrentiel », selon le consultant de McKinsey, Shivika Sahdev, qui conseille les gouvernements.
Car le risque existera “par défaut”. L’endroit ou le besoin de voiture volante se fera sentir en premier sera forcément les grands centres urbains. Là ou le système permettra d’éviter de nombreuses heures d’embouteillage, là où les gens auront les moyens de se payer un tel vol, … et donc là ou les risques d’accidents seront supérieurs. Car les immeubles y sont plus nombreux (difficile de s’écraser sur un bâtiment au milieu de la campagne), car les vols y seront plus nombreux, … et parce que les dommages potentiels pourront être plus importants (chute du drone, collision avec un bâtiment, …).
Lorsque nous construisons l’avenir, il est judicieux de faire une pause et de considérer les inconvénients et pas uniquement les avantages. À l’heure actuelle, dans les grandes villes, les personnes se trouvant dans une circulation dense ou passant dans le métro doivent se voir (au moins un peu). Avec les voitures volantes, les nantis peuvent “s’échapper” dans les airs et laisser le “petit peuple” au niveau du sol. Ce qui pourrait encore accélérer un monde à 2 niveaux. C’est l’inquiétude que Cheryl Garabet a exprimée :
Comment les villes peuvent-elles se préparer pour qu’il n’y ait pas ce terrible avenir dystopique pour nous tous avec des véhicules volants ?
Un petit peu de scepticisme donc pour équilibrer le techno-optimisme qui règne autour de la technologie.
Et vous, quel est votre avis ? Seriez vous parmi les premiers à tester le système si le prix était intéressant ? Avec pilote ou avec IA ? 😉